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Le fait de sonner à plusieurs reprises à la porte constitue-t-il une infraction pénale ?

Le fait de sonner de manière insistante à la porte ou à l’interphone d’un logement peut avoir des implications pénales : selon le Conseil d’Etat, il s’agit de harcèlement.

Il n’est pas rare, non seulement dans les immeubles d’habitation, mais aussi dans d’autres quartiers, de trouver des cas de fauteurs de troubles qui, peut-être pour plaisanter, prennent plaisir à sonner de façon répétée à la porte ou à l’interphone de notre maison, sachant qu’ils nous causent un désagrément considérable. Attention, car ce comportement peut constituer une infraction et, par conséquent, avoir des implications pénales. La Cour de cassation s’est récemment prononcée sur le sujet , en rappelant que le fait de sonner à la porte avec insistance constitue le délit de  » harcèlement et trouble de personnes « . Il s’agit d’une contravention expressément prévue par le code pénal. Voyons quand et comment l’infraction est commise.

L’infraction de harcèlement et de perturbation des personnes

Notre code pénal punit expressément la personne qui, par un comportement pressant, indiscret, insistant, perturbe la vie d’une personne, la forçant à subir un inconfort psychologique considérable : Harcèlement comportement. Il s’agit de l’infraction de « harcèlement ou de perturbation des personnes » [2], passible d’une peine d’emprisonnement pouvant aller jusqu’à six mois et d’une amende pouvant atteindre 516 euros.

Par cette contravention, le législateur souhaite pénaliser celui qui porte atteinte à la tranquillité d’un citoyen privé et donc aussi à celle de la collectivité. Pour que le comportement du harceleur soit pertinent sur le plan pénal, il doit être mené « par pétulance ou pour tout autre motif blâmable » (Comportement harcelement au travail). Il est également nécessaire que le comportement soit réalisé dans un lieu public ou un lieu ouvert au public, ou par l’utilisation du téléphone.

L’arrêt de le Conseil d’Etat

L’affaire concerne une personne qui, sur le palier devant la maison de la victime, a sonné avec insistance à la porte de cette dernière et a endommagé divers vases à fleurs qui s’y trouvaient. Comportement harcelement moral. Le défendeur a été condamné pour le délit de harcèlement et acquitté du délit de dégradation (concernant la destruction des vases) car ce dernier, depuis 2016, ne constituait plus un comportement pénalement pertinent [3] .

Le harcèlement répété n’est pas nécessaire

L’infraction de harcèlement et de perturbation des personnes n’est pas une infraction habituelle. En d’autres termes, pour que le harcèlement ait une pertinence pénale, il n’est pas nécessaire qu’il ait été répété dans le temps. Au contraire, un seul incident de nuisance suffit pour que le harceleur soit pénalement responsable. Le comportement de harcèlement doit toutefois présenter des caractéristiques très spécifiques. Tout d’abord, il doit s’agir d’un comportement « pétulant », c’est-à-dire lancinant, obsessionnel, insistant. De plus, il doit avoir pour effet de perturber la tranquillité d’esprit de la victime, en lui causant une détresse psychologique importante.

Les raisons concrètes pour lesquelles le harcèlement a été effectué ne sont pas pertinentes : (Comportement harcèlement psychologique). Pour que l’infraction soit commise, il suffit que le perturbateur agisse en sachant que son comportement est susceptible de déranger la personne dérangée. Ainsi, si une personne sonne à la porte de notre maison avec insistance, en sachant qu’elle nous met mal à l’aise, la raison pour laquelle elle le fait n’a pas d’importance. Il importe seulement que le harceleur se rende compte que, par son comportement arrogant et insistant, il nous cause une gêne importante et porte atteinte à notre tranquillité d’esprit.

Où le harcèlement peut se produire

Comme indiqué plus haut, pour être pertinent sur le plan pénal, le harcèlement doit avoir lieu :

  • dans un lieu public ;
  • dans un lieu ouvert au public ;
  • par l’utilisation du téléphone (par exemple, des appels téléphoniques insistants qui provoquent chez la victime une perturbation émotionnelle telle qu’elle affecte sa tranquillité d’esprit quotidienne).

L’expression « lieu ouvert au public » vise les lieux normalement réservés à un usage privé, qui peuvent néanmoins être fréquentés par toute personne ou une certaine catégorie de personnes.

le Conseil d’Etat de cassation, en se référant aux copropriétés, établit que les lieux ouverts au public doivent être considérés, par exemple, le couloir de la copropriété, les escaliers donnant sur plusieurs appartements privés et, en général, toutes les parties communes du complexe, auxquelles tant les copropriétaires que les personnes extérieures à la copropriété elle-même peuvent avoir accès.

En l’espèce, comme on l’a vu, le comportement de harcèlement avait eu lieu sur le palier devant l’appartement de la victime, où le harceleur avait sonné avec insistance à la porte de cette dernière et endommagé des pots de fleurs à l’extérieur de l’appartement.

Que faut-il faire ?

L’infraction de harcèlement et de dérangement des personnes est poursuivie d’office. Ainsi, il n’est pas nécessaire que la victime dépose une plainte formelle pour engager une procédure pénale contre le harceleur. Harcèlement de rue comportement. Il suffit de signaler l’incident à la police.