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5 insultes que l’on peut dire

Quand on ne commet ni injure, ni diffamation, ni turpitude : les cinq jurons qui ne sont pas interdits par la loi ;

Si, le plus souvent, un mot grossierdéclenche l’offense et donc l’injure, il existe des insultes qui, selon les tribunaux, aussi inhumaines et incultes soient-elles, sont désormais entrées dans le lexique commun et peuvent être considérées comme non interdites. Celui qui prononce ces5 juronsne risque donc ni la diffamation, ni l’injure, ni même la turpiloquie.

Car rappelons-le : l’injure – c’est-à-dire l’offense au visage de la victime – a beau avoir été dépénalisée, elle reste interdite et donc source de dommages et intérêts. En revanche, si la même parole injurieuse, à l’égard d’une personne, est prononcée en l’absence de la victime et devant d’autres personnes (au moins deux), le délit de diffamationest déclenché ;

Enfin, n’oublions pas que la turpiloquie – c’est-à-dire le fait de jurer dans un lieu public – bien que dépénalisée, reste une infraction administrative passible d’une amende de 5 mille à 10 mille euros.

Voici donc 5 insultes qui peuvent être ditesn’importe où sans risquer aucune des conséquences précitées. Pour chacun d’entre eux, il existe une explication de le Conseil d’Etat. Les lecteurs nous pardonneront la licence d’utilisation de ce vocabulaire vulgaire mais, précisément parce qu’il fait partie des documents judiciaires et donc des jugements publics, nous estimons opportun de préciser sans censure les gros mots  » dédouanés  » par la jurisprudence.

Connard/b.

Si l’on donne à ce mot le sens de « naïf », « désemparé » et non de « débile », « crétin », aucune infraction n’est commise. Par conséquent, dire d’une personne qu’elle est un trou du cul n’est pas de la diffamation.

(Cass. Sent. no. 34442/17)

Casse-toi.

Selon la Cour de cassation, l’expression « fuck off » est une expression qui est désormais d’usage courant (bien que les déclarations contraires ne manquent pas). Il n’est donc pas insultant de jurer sur une personne.

(Sentence Cass. 27966/07)

Casse-ballon/b.

Même l’expression « brise-ballon…. », aussi inurbaine soit-elle, ne signifie que « nuisance » et n’a donc, selon le Conseil d’Etat, aucune valeur offensive : Rien n’est cassé tant que papa. Résultat : on ne peut pas poursuivre pour diffamation une personne qui se promène en disant, d’une autre, qu’elle est une personne pénible.

(Cass. Sent. 22887/13)

Tu m’as cassé les couilles/b.

Dire « tu as cassé mon… » n’est pas insultant car cela signifie « ne m’ennuie pas ». Et vous ne pouvez pas réclamer des dommages et intérêts à quelqu’un qui vous dérange.

(Cass. Ce n est pas casser. Sent.19223/13)

Négro de merde/b.

Nous terminons notre examen par ce qui, à notre avis, est une véritable lacune législative. La haine raciale, à ce jour, n’est qu’une circonstance aggravante : elle doit donc être fondée sur une infraction supplémentaire et différente. Elle n’est pas cassé. Si un tel crime n’existe pas, la discrimination elle-même n’est pas punissable. Il n’est pas casse. Ainsi, dire « Nègrem… » sans commettre d’autres infractions (par exemple des menaces ou des violences) n’est pas un délit et n’est pas passible de poursuites.

(Cass (Rien n’est cassé). Sent. 40014/2019)